Elle s'avance...
Elle s’avance doucement, frileusement
Presque peureusement
Elle écarte quelques branches, se pique à l’aubépine, se griffe au prunelier
Le sous-bois a un parfum d’ail des ours et de jacinthes sauvages.
Elle s’en fera un bouquet au retour
La mousse se dispute avec le lierre et la fougère pour adoucir son pas ou la ralentir
Elle ne sait pas
Elle revient là pour la première fois depuis elle ne sait plus, et quelle importance ?
L’important, c’est le parfum enivrant de ce sous-bois, le chant encore timide des oiseaux qui s’éveillent au printemps naissant.
L’important, c’est de retrouver la clairière. Celle où elle a enterré, dans une autre vie, chacun de ses six chiens tant aimés.
Les tumulus, elle s’en souvient, dessinaient comme un jardin au milieu des bois.
Elle avait pris soin d’y semer myosotis, pervenches et pâquerettes ;
Elle aurait aimé y planter de l’héliotrope au lourd parfum de vanille mais cela ne convenait pas.
Elle s’avance, doucement, frileusement, la tête emplie de souvenirs.
Ps: Photo de Ch. Sépulcre qui expose actuellement du côté de Namur et qui prêtait deux clichés pour nous inspirer... ou pas. Il s'agit, en fait, d'un coin de berge de Meuse...