On a échangé des mots et des sourires au jardin
On a, tout d'abord, fait parler des arbres. On les a laissé nous raconter leur histoire ou leurs envies d'après leurs photos accrochées dans la jolie serre de Dominique. J'avais, pour pimenter un peu l'exercice, proposé d'y inclure une photo, une gourmandise, une couleur et un cri d'oiseau. chacun(e) a lu et nous a ému, fait rire, étonner ou fait sourire tour à tour. Ensuite nous avons "joué" autour de la très belle phrase de Christiane Singer : "Sans les arbres dans lesquels il joue, le vent resterait invisible".
Celà aussi a engendré des récits coquasses ou émouvants, des rires aussi et une grande complicité autour de la table. Dans ce petit "Scrilude", il s'agit d'écrire une phrase juste au dessus et juste en dessous de celle du milieu et de faire tourner la feuille , un peu à la manière d'un cadavre exquis.
L'après-midi s'est prolongé autour des gourmandises concoctées avec tellement de talent par Valérie. De jolis moments partagés pour en oublier d'autres... une belle déconnexion.
C'est celui-ci qui m'a inspiré ces quelques mots...
Je suis planté là depuis des décennies et depuis des décennies le genre humain ne cesse de m'étonner. Je les vois passer en courant, en marchant ces petits êtres à deux pattes. J'en ai même vu danser quelquefois, et ça, j'ai aimé. Un jour, un de ces individus se promenait avec trois petits cochons qui ont dévoré les chataignes de mon voisin. C'était la saison du flamboiement des feuillages, le carmin et l'or s'embrassaient et c'est une saison que j'ai toujours adorée, cette saison encore douce et que quelque feulles me restent où se cachent des nichées tardives de mésanges et où l'air bruisse du craquement des pas sur les feuilles mortes. On y respire encore un parfum des joies de l'été et les cèpes viennent se coller à mon tronc. Les soirées, alors, s'emplissent de bruits furtifs, j'entends hioquer dans la ramure d'un bosquet lointain. J'ouvre depuis des décennies mes yeux ronds devant les amoureux s'appuyant à moi, ils viennent en toutes saisons et m'émeuvent de leurs baisers mais, je déteste qu'ils gravant leurs noms entrelacés dans mon écorce. Par dessus-tout, ce que j'aime, ce sont les enfants, leurs jeux, leurs farandoles folles, il en est même qui me parlent ou m'embrassent!!