Discours d'un banc
Ô lac, combien de fessiers et combien de derrières
Ont posé leur séant sur mes augustes planches
A présent patinées par les ans
Et par leurs fondements
Lissé, poli je suis maintenant.
Il y en eu de bien jolis, des plats, des rebondis
Des timides qui ne posaient qu'une fesse
Des amoureux collés l'un contre l'autre
J'en ai connu plusieurs qui m'ont caressé
Doucement dans le sens du bois
Me donnant maints émois
Ô lac, certains de ces arrières-train
En s'affaissant sur moi
On fait tremblé mon assise
D'autres plus légers à la fesse coquine
M'ont fait rêver plus d'une fois
Ha ! Les jolis popotins qu'ils étaient
Quels qu'ils soient, postérieurs aux abois
Ou pétards de douairières
Mignonnes petites miches
Tournures aguicheuses ou croupes fatiguées
Elles vont bien me manquer
Quand par un siège plastique ils vont me remplacer
Au fond d'un hangar ou dans un vide-greniers
Ils vont bientôt me reléguer
Pour moderniser
Tes rives délicates
Ô lac, je ne te verrai plus
Et ne converserai plus jamais avec toi